Dead sea
David Richard
Si rien n’est fait d’ici 2050, la mer morte ne sera plus. Son niveau baisse en effet de plus d’un mètre chaque année. Et pour cause plus une seule goutte d’eau fraîche du fleuve Jourdain – le principal affluent du lac biblique – n’atteint la mer Morte aujourd’hui. Il y a encore cinquante ans, le fleuve apportait plus de 1000 millions de mètres cubes par an. Mais les prélèvements pour les besoins des populations riveraines et leur agriculture ont réduit le Jourdain à un filet d’eau polluée. S’ajoutent à cela les prélèvements directs dans la mer Morte par les industriels qui exploitent les minéraux du lac et ce sont plus de 700 millions de mètres cubes d’eau fraîche qui manquent chaque année à l’appel. Un constat d’autant plus inquiétant que cette région, surnommée le « triangle de la soif », connaît déjà de sérieux problèmes de disponibilité en eau.La situation n’est certes pas nouvelle. En revanche, l’accord en décembre 2007 des trois parties riveraines du lac (à savoir Israël, Jordanie et les territoires palestiniens) pour lancer une étude de faisabilité d’un ambitieux projet de sauvetage de la mer Morte est une vraie nouveauté. Ce serait même la première fois que les trois signatures apparaissent sur un même document. D’où le nom déjà tout trouvé pour ce projet soutenu par la Banque Mondiale le « canal de la paix ». Son objectif renflouer la mer Morte via la mer Rouge, située 200 km plus au sud. Le canal de la paix traverserait ainsi la région de l’Arava, entre la Jordanie et Israël, et profiterait du différentiel d’altitude (la mer Morte se trouve à -420m) pour produire de l’électricité, laquelle servirait principalement à faire tourner une usine de désalinisation qui fournirait à terme de l’eau potable. Un trois en un en quelque sorte la mer morte serait sauvée, plusieurs centaines de mégawatts seraient produits et 800 millions de mètres cubes par an d’eau potable pourraient être fournis aux riverains. Et surtout, une coopération favorable à la paix serait instaurée, insiste la Banque Mondiale.
Lise Barnéoud